Les textes anciens expriment les réalités musicales d’autrefois en des termes qui ne nous sont pas familiers. Il nous faut apprendre le langage musical des hommes du passé, mais aussi, leur manière globale de s’exprimer, leur imaginaire, leur quotidien et se représenter comment eux-mêmes se situaient dans un processus de mémoire. Il ne s’agit pas seulement de prendre une partition et de la jouer, il faut comprendre aussi le monde auquel cette musique fait référence.
Marcel Pérès
Toujours bien ancré à Moissac, l’ensemble Organum propose chaque mois des activités en relation avec d’autres évènements ailleurs dans le monde. Une toile est ainsi tissée qui permet à ceux qui suivent ces évènements de découvrir d’autres cultures, d’expérimenter les liens – aujourd’hui souvent invisibles – qui ont façonné notre histoire et créé ce que notre civilisation européenne a de spécifique.
Fidèle à sa mission, l’ensemble Organum continue à explorer non seulement les répertoires oubliés mais aussi leurs déclinaisons dans ce présent qui, plus que jamais, a besoin de bénéficier de nouveaux points de vus, d’entrevoir de fécondes perspectives – que ce soit pour le passé ou l’avenir – d’inventer de fructueuses sociabilités, d’explorer d’audacieux vecteurs de transmission.
Que ce soit à Moissac, à Rome, à Paris, à Poznan, à Elche ou Grenade, Bogota, Houston ou Lauzerte ou Boudou ; avec l’antique chant de Rome, le chant mozarabe de Tolède, les splendeurs de l’École de Notre-Dame de Paris, ou les mystères musicaux du sacre du premier roi de Pologne en 1025, venez partager avec nous l’aventure qui dure depuis 1982 et ne cesse de nous projeter vers des horizons d’harmonie et de lumière.
Les différentes musiques devraient être perçues comme autant d’icônes sonores, d’entités vibrantes qui invitent l’auditeur à s’immerger dans l’expérience du flux émotionnel dont les mots et les sons ne sont que le signe. C’est ainsi que naquit vers 2011 la formule qui devint comme la feuille de route de l’ensemble Organum : Décliner les lignes de force du patrimoine immatériel.
Au-delà d’une approche historique et technique des musiques du passé, la pratique des répertoires oubliés nous révèle la fonction métaphysique de la musique, l’architecture des sons étant le signe d’une relation entre l’homme et son propre destin. Ici est dépassée la dimension sociale et même culturelle de l’art musical. C’est l’homme profond qui est interpellé face à l’image de son destin surnaturel.