La quête du son perdu

La quête du son perdu
2015-03-25 Sandra Mommayou
Epidavros-Coronis

L’étude des répertoires anciens ne peut se cantonner à une simple reconstitution d’un matériel écrit ou oral. Elle appelle une autre relation à la mémoire, à sa construction au travers de comportements musicaux révélateurs d’autres horizons. La pratique de ces musiques transforme profondément la relation au patrimoine. A l’origine, ce mouvement ne présentait qu’un simple intérêt archéologique ou esthétique. Mais au fur et à mesure de son évolution, il apparaît que ce travail sur les musiques du passé amène à repenser en profondeur les comportements musicaux et leurs fonctions au sein du tissu social.

Restituer ces musiques, c’est d’abord retrouver une énergie dont les notations ne sont que le signe. Pour que ces esthétiques redeviennent vivantes, il est nécessaire de tenir compte de tous les paramètres qui concourent à la production et la création de ces réalités sonores : la manière de lire – par exemple groupés autour d’un grand lutrin – la taille des partitions, la position des chanteurs les uns par rapport aux autres, les lieux d’où étaient interprétés certains chants, les conditions dictées par la pratique d’un rituel, les tempi, les vêtements, les objets et les gestes qui servent à visualiser la pulsation, la manière de structurer la mémoire et donc de penser l’actualisation du son; et même le rôle de la lumière, naturelle et artificielle, dans l’économie du rituel.

La nouvelle vision de l’histoire de la musique qui se mettra en place suscitera d’autres manières d’aborder les phénomènes de création. Car les musiques anciennes, redevenues des pratiques vivantes, engendrent les gestes qui concourent à leur réalisation, les intégrant à nouveau au savoir-faire des musiciens.

 

Extrait de : Le chant de la Mémoire, Marcel Pérès (Desclée de Brouwer, 2002)

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